Le flou on s’en flou pas !
De la peinture à l’infographie 3D, le flou a toujours été une composante importante de l’image. De la photographie argentique, en passant par la vidéo jusqu’à l’image numérique, le flou s’est imposé, a disparu, a été rajouté ensuite pour faire à nouveau réel!
Le créateur d’image 3D cherche aujourd’hui avec les techniques dites de « Motion blur » à récréer du flou, soit directement au rendu 3D, soit en post-production.
Le flou capté par la photo ou la vidéo
Le flou de mouvement ou flou cinétique dépend bien sur de la vitesse relative du sujet par rapport à l’appareil et de la vitesse d’obturation du capteur (ou temps de pose). Il se distingue du flou de bougé qui est du au mouvement volontaire ou pas de l’appareil pendant la prise de vue.
Pas de flou
Pour éviter cet effet de flou de mouvement à la prise de vue, la séquence pourra être filmée avec une caméra qui permet une cadence supérieure (> 50 images/sec) à celle utilisée pour visionner cette séquence (25 ou 30 images/sec). Par exemple, Peter Jackson a utilisé une Epic Digital Camera pour son dernier film The Hobbit avec une cadence de 128 images/sec.
Le flou peut être aussi enlevé éventuellement après le tournage avec des filtres et fonctionnalités diverses, par exemple en image fixe avec Photoshop et en film avec Nuke.
Notamment Avec Photoshop on pourra utiliser une combinaison de fonctions qui intègre notamment le filtre Netteté Optimisé . De son coté, sur les films, Nuke utilise le Node F-DeBlur qui permet d’enlever des flous légers sur les objets.
Du flou, on veut du flou.. dans les images 3D
A l’inverse, à partir d’images synthétiques 3D, l’infographiste va rechercher en général à rajouter du flou dans le mouvement des objets de la scène afin de la rendre plus réaliste… La question est de savoir si nous voyons flou les objets en mouvement ou si c’est la vision fabriquée des appareils de captation que l’on assimile à la réalité. Enfin dans tous les cas, au cinéma, un objet en mouvement qui n’est pas un peu flou n’est pas vraisemblable, alors on veut du flou partout.
Les logiciels comme Nuke ou Photoshop se sont donc armés de techniques permettant dans toutes situations de réaliser du flou.
D’abord en 2D, Photoshop présente une panoplie impressionnante de possibilités techniques qui permet d’obtenir un flou de bougé pour autant que soit séparé l’objet concerné de son décor pour apporter le traitement sur celui-ci : flou gaussien, flou de mouvement directionnel, flou optique,… ou l’inverse comme dans cette image du métro.
En 3D et en animation, cela peut devenir plus compliqué ou au moins cela demande un minimum de préparation dans la phase de rendu 3D.
Tous les moteurs de rendu 3D ont les techniques pour fabriquer directement le flou de mouvement dans le rendu final. Il apparait 2 inconvénients à cette méthode : la première, les temps de rendu sont trop importants, la deuxième, l’infographiste ne récupère pas l’information séparé du rendu et du flou pour pouvoir les arranger comme il veut au final.
Pour pallier à ces 2 inconvénients, selon la scène 3D et le moteur de rendu, il sera possible de calculer l’intensité du Motion blur qui sera stocké dans une passe de rendu pour pouvoir l’interpréter en post production. Sous Mentalray, la passe concernée est la 2D Motion Vector qui donne l’intensité sur 2 composantes UV du mouvement relatif par rapport à la caméra. Cette passe est calculé en tenant compte du mouvement du point de pivot et morphologique de l’objet. Cette passe de rendu d’information UV de motion Blur pourra être très facilement interprétable par un logiciel comme Nuke avec un Node de type VectorBlur. Ce rendu de flou de mouvement obtenu en post production sous Nuke est bien entendu plus rapide que celui calculé directement au moment du rendu.
Dans le cas de séquence filmée, ou l’intensité du flou de mouvement ne peut pas être calculé, il sera nécessaire de trouver des solutions de post production.
Sous Nuke, les Nodes Oflow et Kronos sont fait pour ce travail de calcul du mouvement des pixels dans l’image qui donnera lieu à une interprétation graphique du mouvement interne des objets dans l’image. Cette interprétation donnera souvent un résultat visuel souvent plastiquement intéressant mais qui pourra s’éloigner d’une certaine réalité.
Au rayon du bricolage, pour des mouvements simples, décollage d’un avion dans une séquence filmée par exemple, il sera possible de suivre le mouvement avec un Node Transform ( avec un tracker 2D aussi ) et d’utiliser le déplacement en 2D, en x,y de ce Node pour réinventer un flou de mouvement grâce au Node MotionBlur2D qui donne l’information de l’intensité UV du flou au VectorBlur.
Enfin, pour les plus accros au flou, vous pourrez toujours essayer de mouliner votre séquence avec le Node VectorGénération de Nuke qui peut donner des interprétations très surprenantes des mouvements dans l’image.