
Ce 16 octobre, une petite chose informe et orange va envahir nos écrans de cinéma : il s’agit d’un escargot nommé Turbo ! Les studios Dreamworks sont à l’origine de ce nouveau film d’animation dans la lignée de Madagascar ou de Kung Fu Panda… film déjà-vu ou nouveauté dans le cinéma d’animation : à vous de voir !
Le Fast and Furious des gastéropodes
Turbo est un escargot de jardin comme les autres, sauf qu’il se différencie des autres par une prétention, et pas n’importe laquelle : celle de devenir l’escargot le plus rapide du monde. Ce qui le rend impopulaire parmi ses proches, qui se complaisent dans la lenteur et la prudence. Son obsession pour la vitesse nourrit son rêve que l’on soupçonne irréalisable : mais un beau jour, il lui arrive un étrange accident qui lui donne une rapidité incroyable ! On assiste alors à une scène digne d’un Spiderman : changement d’ADN, cellules qui changent de couleurs, tout son organisme se transforme pour devenir le plus rapide de tous les escargots ; la séquence est appelée par les concepteurs de Dreamworks « Spiderbite » (morsure d’araignée). Il se lie ainsi d’amitié avec d’autres escargots de course et souhaite battre un adversaire plus que réel : Guy La Gagne, un champion (humain) de course automobile. Arrivera-t-il à le battre ?
David Soren, le réalisateur, raconte la genèse de Turbo : en effet, il a été l’objet d’un « pitch fest » c’est-à-dire un concours de scénarios organisé par Dreamworks où chaque employé peut donner un synopsis d’un film. Ce festival réunit l’ensemble du studio et permet aux petites idées de devenir grandes. Il faudra cependant des années avant que l’histoire de Turbo prenne de l’ampleur. David Soren souhaitait prendre comme protagoniste un loser, un outsider : les escargots sont des animaux méprisés depuis des années par l’homme et à part se traîner lentement par terre et baver, ils ne font rien de spécial de leurs journées : c’est pourquoi l’équipe de Turbo a décidé de leur donner une nouvelle jeunesse avec un style et un humour bien à eux.
Dreamworks : en perte de vitesse ?
On peut aisément dire que le modèle de l’opprimé est classique au cinéma ; l’homme ou la créature faible se fait railler par sa communauté, avant de faire face à un problème ou un accident qui lui fait prendre conscience qu’il doit/peut aller plus haut, ou plus vite, ou être plus fort. Des films comme Rocky ou The Karate Kid ont d’ailleurs été une source d’inspiration pour les scénaristes de Turbo. Le public peut-il se lasser de ce genre de schéma ? Selon David Soren, non, car chaque histoire de ce type possède des personnalités uniques et des environnements changés. Mais il ne s’agit pas que d’escargots : des humains ont également été rajoutés afin de préserver l’universalité du long-métrage. Dreamworks souhaite rester dans son époque : ainsi, dans Turbo, on peut voir le rôle joué par les réseaux sociaux dans la célébrité du petit gastéropode. La vidéo de notre héros orange filant à toute vitesse durant une course d’essai va devenir rapidement virale (elle aura sûrement finie sur YouTube).
2012 a été une année noire pour Dreamworks et son budget : le film Cinq Légendes a creusé le déficit (il a coûté 66 millions) à cause de son échec au cinéma. Le résultat de ces mauvais chiffres et de la difficulté de rembourser son déficit : 350 licenciements, soit 10 % des effectifs, d’ici la fin 2013. Certains artistes ont déjà été « remerciés » et les équipes de production de Dreamworks vont être l’objet d’une restructuration.
L’Indianapolis 500 et des tacos
On plante le décor : l’histoire de Turbo se situe à Van Nuys, un quartier multi-ethnique de San Fernando Valley, en Californie. L’équipe allait souvent là-bas découvrir le quartier et ses ruelles, se promener afin de ramener des images, des textures et des couleurs qui serviraient pour la construction du film. Le stand de tacos que l’on voit dans le film existe bel et bien – sous un autre nom bien sûr – mais il en existe dans le quartier de Van Nuys qui a inspiré les concepteurs. Dans ce coin de la vallée, d’autres entreprises défraîchies sont plantées là en attendant qu’il se passe quelque chose : un atelier de carrosserie, une onglerie, etc. Et toutes les communautés se retrouvent afin de cohabiter ensemble ; c’est précisément la métaphore de Turbo, qui va rencontrer d’autres escargots d’origines différentes.
La team de Turbo n’a pas eu de mal à convaincre les employés et les coureurs de l’Indianapolis 500 de participer à l’aventure Turbo. Ils leur ont donné accès à la piste, aux voitures, et ils ont pu parler aux pilotes. David Soren voulait donner un look différent aux personnages et à l’univers de Turbo, un esprit « cartoon », loin de la tendance réaliste de certains films d’animation. Selon lui, l’infographie 3D au cinéma est divisée en 2 catégories : ceux qui veulent faire le plus détaillé possible, et ceux qui recherchent un design particulier, bien à eux. Comme on peut facilement le deviner, Turbo fait partie de la deuxième division, en ayant choisi de créer des personnages lisses et colorés, plutôt que de créer des escargots à la texture rugueuse et aux antennes vacillantes.
Malgré que tous les personnages soient « stylisés », David Soren souhaitait que l’environnement reste tout de même réaliste. La foule est toujours un élément délicat dans un film à mettre en place : qu’il soit d’animation ou traditionnel. Le public de la course d’Indianapolis à laquelle Turbo participe n’échappe pas à la règle. Pour ce faire, l’équipe a réalisé certaines sections de l’auditoire en… 2D ! Plutôt que de perdre du temps à modéliser chaque individu de la foule, les concepteurs ont opté pour des angles de caméra avantageux et des spectateurs « plats ». Dreamworks a eu un partenaire de taille pour les effets spéciaux de Turbo : il s’agit d’HP. Cette alliance stratégique se conclut sous la forme de serveurs de stockage, d’ordinateurs, d’imprimantes et des logiciels de gestion. Ce qui a permis aux concepteurs du film de travailler dans des conditions optimales, afin de modéliser au mieux l’univers enfantin de Turbo.
Soyons honnêtes : la performance de Turbo au niveau des graphismes et du scénario n’atteindra pas un « Dragons », mais le petit escargot orange ravira les petits en manque de Cars et les adultes passeront un bon moment : un bon divertissement familial, mais malheureusement pas un chef-d’œuvre du cinéma d’animation.
Sources :
– ArtofVFX
– SpinVFX
– It’s Art Mag
– Allociné